Aller au contenu

Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
LA TENDRE CAMARADE

déçoit. Le parfum de ta rose, Aphrodite, ne me fera pas tressaillir, et la tiédeur de ta chair contre la mienne me laissera insensible. Après m’être efforcé de chérir l’univers également sous toutes ses formes, y compris la tienne, je m’efforce de détruire en moi ce pouvoir de chérir. Je préfère l’immobilité au mouvement et la laideur à la beauté parce qu’ils nous font moins désirer.

C’est pourquoi, les mains croisées sur mon ventre ridicule, je regarde sans bouger cette lampe rougeâtre qui n’éclaire pas, je respire cette fumée dont l’ivresse éteint les sens et j’entre un peu plus chaque jour dans le néant consolateur.