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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/262

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LA TENDRE CAMARADE

aux cheveux tirés réapparut pour moi. Je la regrettai peut-être à cause de l’ennui, de la solitude au milieu de gens qui n’avaient pas mes idées, peut-être parce que je la trouvai, par comparaison, bien plus intelligente et plus raffinée que toutes les femmes que je voyais. J’attendis avec impatience la lettre de mon ami me disant ce qu’avait pensé Thi-Nam de mon abandon.

Le fonctionnaire des douanes était un brave homme qui m’aimait bien, mais qui était assez vulgaire et considérait les femmes comme un élément dangereux pour l’amitié, qu’il plaçait au-dessus de tout. Je ne reçus sa lettre qu’après plusieurs mois. « Thi-Nam, me disait-il, avait très bien pris les choses. Cet abandon, pour une congaï, était si naturel ! Elle s’était consolée. Il ne fallait plus penser à elle. »

J’en eus du dépit d’abord, puis une grande mélancolie. Puis je pensai combien c’était juste et heureux, puisque je l’avais quittée, et cela augmenta encore ma tristesse.