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Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/38

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LA TENDRE CAMARADE

domaine de murailles grises et de tonneaux alignés. Il ne met pas deux verres sur la table, car il est sobre. Il parle très peu, il allume sa pipe et il se tient immobile, assis devant Aline.

Ils n’échangent que des propos d’une extrême banalité et quelquefois même ils ne disent rien. Quelque chose pourtant les rassemble. Jamais le vieil ouvrier n’a dit à Aline de demeurer pour dîner. Il en a eu peut-être envie. Il n’a pas osé ou il a eu honte de sa manière primitive de manger.

Quand Aline s’en va et qu’elle se retourne, elle voit dans la grande tristesse du faubourg la lumière du père Donic qui fait sur ses volets deux croix rougeâtres, et elle sait que ces croix sont le signe d’un peu d’amitié qui repose dans ce coin déshérité de la ville.