Aller au contenu

Page:Magre - La Tendre Camarade, 1918.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
LA TENDRE CAMARADE

ture d’un restaurant, à un vêtement trop étroit ou trop large, pourquoi ne s’habitue-t-on pas à la vulgarité des êtres, et quel est ce don douloureux de la sentir davantage chaque jour ? Pourquoi certaines paroles stupides ou grossières restent-elles plantées dans l’âme comme de petites flèches empoisonnées, et pourquoi sa mémoire, avec une sorte de malignité, ravive-t-elle la blessure par le souvenir ?

Où sont les gens charmants et délicats qu’elle se représente et sera-t-elle jamais admise dans cette élite imaginaire ?

Et quand elle se rendort, à l’heure où la lumière du réverbère commence à blanchir, elle emporte dans son sommeil la sensation d’un baiser qui ne serait ni brusque, ni brutal, et qui se confondrait sur ses lèvres avec le vol des phrases tendres.