Page:Magu - Poésies, 1845.djvu/20

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suppléer par lui-même à l’instruction qui lui manquait. Placé en apprentissage chez un tisserand, il se procura, à force de privations et d’économies, quelques bons livres qu’il étudiait pendant ses courts et rares loisirs. Ses sympathies l’entraînaient de préférence vers les poètes ; mais il s’attacha surtout à la Fontaine, qui fut son véritable maître et longtemps son seul ami, comme il le déclare lui-même dans son Épitre aux lecteurs.

Les rudes épreuves de la vie commencèrent de bonne heure pour le poète ; au moment où il redoublait d’ardeur et de courage pour concilier ses chères études avec les travaux manuels qui le faisaient vivre, il fut atteint d’une ophtalmie qui faillit lui enlever complètement l’usage de la vue, et à la suite de laquelle il lui survint une cataracte à l’œil droit et une taie sur l’œil gauche. On comprend quels tristes résultats devait avoir pour Magu une pareille infirmité ; ce fut pourtant vers cette époque, il avait alors de dix-huit à vingt ans, que ses premières chansons circulèrent dans les campagnes des environs de Lizy ; mais ce n’est qu’en 1840 que les vers de Magu furent recueillis et imprimés pour la première fois. Cette publication, qui eut un véritable succès, valut au bon tisserand les suffrages les plus flatteurs et lui conquit une place modeste, mais bien distincte, dans la pléiade des poètes populaires.