Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/118

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j’appris de lui, que je n’espere pas en omettre les moindres particularités. Cet Etranger avoit pris confiance en moi, & croyoit m’avoir quelque obligation pour les petits services que je lui avois rendus en Egipte. Aussi ne fit-il aucune difficulté de s’ouvrir à moi, lorsque quelques jours avant son départ pour les Indes, je le priai de m’instruire de son pays, de son nom, de sa famille, de sa religion & du motif de ses voyages. Voici à peu près le discours qu’il me tint à ce sujet.

Je me suis toûjours défendu, Mr. de vous parler de ma religion, parce que cela ne peut être pour vous d’aucune utilité, & que tous les hommes étant naturellement prévenus en faveur de celle dans laquelle ils sont nés, c’est en quelque forte les offenser, que d’en contredire les dogmes. Sur ce principe, & suivant le conseil de feu mon pere, j’ai évité toute ma vie d’entrer dans cette matiere, pour ne pas donner lieu à des disputes, dans lesquelles chacun se fait un point d’honneur & de conscience de sou-