Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/144

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sujettes à être muës, & leurs lits exposés à être dérangés ou confondus, puisqu’après de grandes tempêtes, après quelque débordement des fleuves au voisinage desquels ces amas se formoient, les Plongeurs & mon ayeul lui-même en avoient souvent trouvé la forme précédente changée, applatie ou allongée.

Qu’aux plages de peu de profondeur, la mer rouloit & portoit vers le rivage jusqu’au plus loin qu’il lui étoit possible tout ce que ses eaux rencontroient ; que dans les plages couvertes par des isles ou par des rochers qu’elle pouvoit briser, dans les golfes dominés par quelques rochers dont les débris tomboient dans des fonds de sable, où des fleuves & des torrens rapides aboutissoient, entraînant avec eux des pierres, des cailloux, du gravier, du sable, la mer après les avoir reçus, les rapportoit à ses rivages, les rouloit, les frottoit long-tems ensemble, & par ce moyen les arrondissoit ; qu’elle les plaçoit enfin de manière, que ses vagues n’avoient plus de force pour retirer avec elles les