Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/182

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faites sur les ouvrages de la mer aux embouchures des rivières & des torrens, de nouvelles preuves de la diminution de ses eaux. Peut-on disconvenir en effet, que cette égalité qu’on remarque dans l’arrangement & la position de ces lits divers dont nos terreins sont composés, ne soit plutôt l’ouvrage d’une cause naturelle, dont le propre est d’agir successivement, à l’aveugle, & toujours par conséquent avec uniformité, que celui d’une Intelligence suprême, dont les vues apperçoivent des moyens différens à l’infini pour exécuter ses desseins ? À l’égard de cette variété prodigieuse qui se remarque dans leur substance, ira-t-on qu’elle est l’effet de cette volonté toute-puissante qui d’un seul mot a formé l’Univers ? Il restera alors une difficulté, qu’il n’est pas facile de résoudre. Car cette volonté si sage & si éclairée, à quel usage supposera-t-on qu’elle a destiné cet amas confus de matières si diverses ? L’homme toujours présomptueux, & toujours disposé à ramener tout à lui-même, après avoir osé penser que cette