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nement qui intéressoit également tout le genre humain, ne se trouve dans la tradition d’aucun pays ni d’aucune nation, si l’on en excepte ce petit coin de la terre habité par les Juifs, peuple que l’Histoire & l’expérience prouvent avoir été, & être encore aujourd’hui dans son humiliation le plus vain & le plus crédule du monde[1] ?

  1. On ne peut nier qu’il ne soit arrivé plusieurs Déluges. Il y en a eu plus d’un sans contredit, & ils ont tellement inondé certains pays, qu’à peine s’en est-il sauvé quelques habitans. A l’égard de ce qu’on peut penser de l’universalité du Déluge, outre ce qui en est dit ici, on peut consulter à ce sujet un Traité qui a pour titre, Opinions des Anciens sur le Monde. La manière dont la fable de Deucalion & de Pyrrha y est expliquée, est d’autant plus solide, qu’elle est fondée sur le témoignage d’un ancien Historien. Mais indépendamment de cette explication, ne pourroit-on pas y en ajouter encore une autre qui ne paroît pas moins naturelle ; & seroit-il absurde de penser, que par ces pierres qui s’animoient entre les mains de Deucalion & de Pyrrha, les Anciens ont voulu figurer la grossiereté de cette première race d’hommes sortis de ceux qui échappèrent alors au commun naufrage ?