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de semblables ouvrages portés à leur perfection, sans que nous ayons fait plus d’attention aux causes de leur abolition & de la cessation de leur usage. Un jour on passera de France en Angleterre & d’Espagne en Afrique à pied-sec, sans qu’on soit peut-être plus instruit alors de la diminution des eaux de la mer que nous le sommes aujourd’hui, en parcourant une infinité de terreins contigus qui n’étoient pas autrefois séparés par des eaux moins profondes[1]. Combien d’Isles se sont unies ainsi les unes aux autres, ou ont augmenté nos Continens ? L’union d’un terrein à un autre est l’ouvrage actuel de la diminution des flots ; mais comme il est long & insensible, nous n’en sommes pas mieux

  1. C’est ce qu’Ovide exprime admirablement par ces vers du 15e. Livre de ses Métamorphoses :

    Vidi ego quod fuerat quondam solidissima tellus,
    Esse fretum, vidi factas ex æquore terras ;
    Et procul a pelago conchæ jacuere marinæ.