Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/289

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au moins la forteresse de Damiette, pour empêcher l’approche & l’entrée du Nil aux Corsaires Chrétiens.

Ces prolongations de terreins au voisinage des rivières qui comme le Nil, la Loire, le Rhône & la Garonne voiturent beaucoup de sable à la Mer, ont à la vérité quelque chose d’équivoque pour servir à prouver sa diminution. Ses eaux, je le sçai, peuvent être éloignées de ces lieux par les propres matières que les rivières y charient, sans qu’elle baisse de superficie. Mais il n’en est certainement pas de même des marques que vous voyez de la diminution aux montagnes escarpées & aux rochers auxquels elle aboutit. Considérez en Provence les rochers escarpés qui servent de digue à la mer : examinez la côte de Gênes, surtout depuis Sestri de Levant jusqu’à Porto-Venere ; vous reconnoîtrez sans pouvoir en douter ni vous méprendre les endroits où elle arrivoit autrefois, & où elle n’arrive plus. Vous y remarquerez les mêmes coquillages qu’elle attache encore aux lieux où elle bat, mais blanchis de l’air ainsi que le rocher, à pro-