Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome I.djvu/298

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être, qu’à la faveur de quelque tremblement de terre qui lui auroit ouvert une route vers des pays plus bas que ceux sur lesquels elle reposoit, ou même à quelque caverne profonde enfermée dans les entrailles du globe, ce volume, quoi qu’immense eu égard à l’étendue de la mer, auroit pu suivre cette route. Il ne seroit pas même absurde de penser, qu’une impulsion extraordinaire auroit porté sur une côte les eaux qu’elle auroit éloignées des rivages d’une terre opposée. Mais je vous fis observer hier, Monsieur, que les eaux de la mer n’ont pas seulement couvert nos plus hautes montagnes ; je vous établis encore par des faits nombreux & constans, qu’elle les avoit formées dans son sein depuis leur pied jusqu’au plus haut de leur sommet, qu’elle devoit par conséquent surmonter considérablement.

Oui, n’en déplaise à votre Lucrèce ; ce n’est point la terre qui a engendré les montagnes, ainsi qu’il le prétend[1] : c’est la mer qui les a fabriquées

  1. C’est au livre cinquième, où ce Poëte