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pendant trente à quarante ans dans une bouteille de verre épais bouchée hermétiquement. Mais aussi n’ai-je garde de prétendre que l’eau de la mer se soit changée en terre, puisque ce n’est que par sa diminution que nos montagnes se sont montrées, & que ce qui paroît du globe s’est découvert. Il n’y auroit ni montagnes ni vallées, il n’y auroit plus même de mer ni d’eau, si cette transformation s’étoit faite. Je ne prétends point non plus qu’il se perde rien de la matière ; & en cela je suis d’accord avec vous & avec Lucrèce[1]. Les eaux de la mer subsistent, comme je l’exposerai dans la suite,

  1. C’est au livre second, où ce Poëte prétend prouver l’état immuable de la matière, qui n’est jamais, dit-il, ni plus compacte ni plus étendue, qui n’est point susceptible d’augmentation ou de diminution, en sorte que le mouvement des principes des choses s’entretient toujours dans son immutabilité.

    Nec stipata magis fuit unquàm materiaï
    Copia, nec porrò majoribus intervallis :
    Nam neque adaugescit quidquam, neque deperit inde.