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de là tenant encore l’homme sous son aisselle, comme s’il eût voulu se glorifier de sa conquête ; après cela il disparut. Cet animal, diroit quelqu’un de vos Poëtes, étoit sans doute une Nymphe, une Néréide, qui étant devenue amoureuse de ce matelot, l’enleva pour le conduire dans un de ses Palais aquatiques. Il y a beaucoup d’apparence, que des faits de cette nature arrivés dans les siècles précédens ont donné lieu aux histoires de vos métamorphoses.

L’Histoire Romaine fait aussi mention de Phocas apprivoisés & montrés au peuple dans les Spectacles, saluant de leur tête & de leur cri, & faisant au commandement de leur maître tout ce qu’on apprend chez vous à divers animaux qu’on dresse & qu’on instruit à certain manége. N’en a-t-on pas vû s’affectionner à ceux qui en prenoient soin, comme les chiens s’attachent à ceux qui les élèvent ?

Il y a cent ans qu’un petit Roi des Indes avoit apprivoisé un de ces Phocas, ou bœufs marins. Il l’avoit appellé Guinabo, du nom d’un lac où il