Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome II.djvu/201

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chaîne légere, on leur laissât la liberté de retourner à la mer dans quelque endroit de peu de fond. On ne les eut pas plutôt mises en état de le faire, qu’elles s’y jetterent avec empressement, & que s’y étant plongées, elles jouerent ensemble, & firent dans l’eau où on les remarquoit parfaitement, cent tours qui témoignoient leur satisfaction & leur joie. On les y laissa plus de trois heures, sans que jamais dans cet intervalle elles s’élevassent au dessus de l’eau pour respirer. Depuis ce jour là, où le Roi & toute sa Cour eurent la satisfaction d’être témoins d’un spectacle si nouveau, on continua de les mener tous les jours au même rivage, & de les laisser jouir du même plaisir, à la faveur duquel elles vécurent encore quelques années. Mais jamais elles ne purent apprendre à articuler une seule parole.

Le fait que je vais vous rapporter est d’une autre espèce, & encore plus singulier. Sur la fin du siècle dernier, un vaisseau Anglois de la Ville de Hall, située à soixante milles de Londres sur la côte Septentrionale d’An-