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à certaines idées, & de communiquer leurs pensées & leurs connoissances à leurs enfans. Il y avoit long-tems sans doute que la mémoire des lieux dont les premiers d’entr’eux étoient sortis s’étoit perdue, lorsqu’ils furent en état de s’énoncer, & beaucoup plus encore quand ils trouvèrent l’art d’exprimer la parole, & de l’assûrer à la postérité par l’écriture. Il y a des Nations encore si barbares, qu’elles ont à peine l’usage de la parole. Presque tous les peuples de l’Amérique & de l’Afrique, si l’on en excepte ceux qui habitent les bords de la mer Rouge & de la Méditerranée, ignorent jusqu’à ce jour l’art de l’Ecriture.

Or que pouvoient s’imaginer des hommes sauvages & grossiers, comme l’étoient encore ceux des premiers siècles après leur sortie de la mer, & quelle pensée plus raisonnable pouvoient-ils avoir sur leur origine lorsqu’ils furent en état de penser, que de s’imaginer, comme faisoient encore la plûpart des Nations il y a deux à trois mille ans, qu’ils avoient été produits par la terre même qu’ils habitoient ?