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des poissons de forme si humaine, qu’étant pris, comme ils sont souvent, on y remarque jusqu’à la différence du sexe aux mâles & aux femelles toute pareille à la nôtre ; ajoûtant qu’ils ont bien l’industrie, sortant de l’eau la nuit, de tirer du feu des cailloux qu’ils trouvent, & en allumer du bois, à la lueur duquel ils prennent les autres poissons qui y accourent.

Les Uros d’Acosta qui habitent la grande Lagune Titicaca[1], se disoient n’être pas hommes, mais Uros seulement ; & à la verité il nous les décrit comme une différente espéce d’hommes aquatiques. Sur quoi je ne puis me retenir de vous répéter ici la pensée d’un des plus sublimes & métaphysiques esprits de ce tems, qui s’étoit persuadé que le genre humain étoit originaire de quelques Tritons ou femmes marines ; soit qu’il eût égard à l’opinion de Thalès, qui tenoit l’eau pour le seul élement de toutes choses :

Oceanum Divûm Genesim, Tethymque parentem.
Homer.
  1. L. 3. c. 18.