Page:Maillet - Telliamed, 1755, tome II.djvu/345

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le service. Cet animal avoit de la force déjà beaucoup plus que les enfans n’en ont d’ordinaire à six ou sept ans : ce que je connus en le tirant par la main, car je sentis une résistance extraordinaire. Il avoit beaucoup de peine à se montrer ; & quand on l’obligeoit à sortir d’une espèce de loge qu’on lui avoit faite, il témoignoit du chagrin : il a des actions très-humaines. Quand il se couche, c’est sur le côté, appuié sur une des mains. Je lui trouvai le pouls au bras tel que nous l’avons. La taille de ces animaux, quand ils ont toute leur grandeur, égale celle des plus grands hommes.

Mr. Jean Flours nous dit qu’il en avoit tué un de trois balles. Ils courent plus vite que les Cerfs ; ils rompent dans les bois des branches d’arbres, dont ils se servent pour assommer les passans. Quand ils peuvent en tuer quelqu’un, ils lui succent le sang, qu’il goûtent comme un breuvage délicieux. On dit que ces animaux sont fort lascifs : celui que nous vîmes paroissoit femelle ; il avoit le regard farouche, le maintien paresseux, & un