Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/112

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de ma canne et de mon casque. Depuis quelques instants la charmante créature rôdait autour de moi. On eût dit une statuette de matières précieuses, d’onyx, d’ébène et d’or, rehaussée de perles et d’émaux, tant son buste nu avait une belle couleur d’ambre, tant luisaient les cassures de ses pagnes diaprés. Elle avait cinq ans, peut-être, et l’on eût cru voir une petite femme, ou mieux une de ces fées que traînent des papillons dans un char fait d’une écorce de fruit. Grimpée sur un fauteuil, elle venait à la hauteur de mon front… Pour chargés que soient de ma coiffure et de ma canne ses bras menus et frais, où tintent les anneaux de vermeil, elle trouve moyen de me prendre mon lorgnon, sur mon nez, et me rend ainsi aveugle d’un temps. Et elle s’enfuit, sautant de chaise en chaise, essayant le pince-nez. On lui donne la chasse, on me prodigue les excuses. On s’étonne aussi, tant s’est vite répandue ma réputation de despote, que je n’entre pas dans un accès de colère folle. Peut-être aussi les Hindous voient-ils d’un mauvais œil cette fillette de caste, montrer avec un Occidental impur tant de familiarité. Propriétaire par droit d’aubaine, et du pince-nez et de la