des enceintes, elle a dénombré pour moi les chevaux de la cavalerie mahratte dont les fers ont laissé leurs empreintes dans les dalles de marbre du vieux Genji. C’est elle encore qui murmurait à mon oreille des mélopées traînantes lorsque je pénétrai dans le harem de Vellore où vécurent cloîtrées jusqu’à leur mort les veuves de Tippou-Sultan.
Ainsi guidé par cette invisible Ariane, j’ai beaucoup vu de ce qu’on ne voit pas d’ordinaire. J’ai froissé entre mes doigts les brindilles du petit pied de Lawsonia où les bégoms « jalouses des yeux de leur gazelle » prenaient le henné dont elles s’ensanglantaient les mains. J’ai dormi à l’ombre des tombeaux des saints musulmans qui gardent encore leurs coupoles de pierre, au milieu des kiosques ajourés dont les débris jalonnent l’ancienne route de Tirnamalé. J’ai parcouru les champs de bataille où les troupes de notre Compagnie des Indes luttèrent pour s’user contre la ténacité et la discipline anglaises, visité la maison de cet