Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/184

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perles, avec un cliquetis de harnais, et entreprend mon voisin de gauche, Paul Mimande, que sa qualité de secrétaire général du gouvernement désignait plus particulièrement à ses coups. Que mon distingué confrère se tire d’affaire comme il pourra ! Remis d’une alarme si chaude, je ne veux plus avoir d’yeux que pour les musiciens.

Ces braves gens sont en tout dignes de remarque. Emboîtant le pas à la danseuse, ils la suivent fidèlement, copient sa démarche, soutiennent ses tirades les plus passionnées par des trémolos émouvants. Il est des moments où je crois que le joueur de clarinette va s’élever, en ascension droite, jusqu’au plafond, tant il se guinde en aspirant l’air avec son instrument évasé. Ses yeux, son nez, ses oreilles, son turban, son cou participent à ce délire poétique. Mais c’est surtout son cou que j’admire, son cou dont la pomme d’Adam descend et monte au gré des envolées du poème. Quand les situations atteignent au summum du pathétique, le larynx du bonhomme remonte sous les mâchoires et disparaît pour un temps. Je ne connaissais jusqu’ici que les cétacés pour être doués d’un organe aussi mobile.