Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/186

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sa femme suffit à retenir dans le devoir, voici que la bayadère adresse ses déclarations brûlantes à un vieil Houdou, un richard, sans doute, à en juger par ses lunettes d’or et ses vêtements irréprochablement plissés. L’attitude stoïque du personnage devant cette persécution galante, extraordinairement mimée, s’expliqua d’elle-même quand il s’éveilla en sursaut, avec un ronflement sonore, quelques instants après que la danseuse fut partie.

Elle avait disparu derrière un rideau. C’est là que nous la trouvâmes occupée à boire du soda ; familièrement elle s’abreuvait au goulot de la fiole, en épongeant d’un mouchoir son front moite de sueur, car il doit être noté qu’à la fête de Sandiramourty, la température n’était pas inférieure à 35° centigrades. Sans cesse on nous offrait du vin de Champagne frappé, des sirops glacés, que sais-je encore ? Le marié dormait profondément avec ses deux compagnons de canapé. On les emporta pour les coucher, et la représentation continua.

Maintenant la bayadère mimait les grands poèmes héroïques de l’Inde. Tendant l’arc avec Rama, un genou en terre, elle criblait de ses flèches les Raksahs de Lankâ. Campée fière-