Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/274

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tiendrait la moindre entreprise contre Vellore pour une infraction au traité de paix.

Les Anglais ne s’engagèrent pas plus avant. Mais ils surent si bien manœuvrer et parlementer qu’ils obtinrent de Mortiz-Ali, trop heureux de s’en tirer à ce prix, quatre cent mille roupies, près d’un million et demi de notre monnaie. Ayant ainsi couvert leurs frais de mise en route, ils retournèrent à Madras sans renoncer à l’espoir d’une entreprise plus profitable. Le nabab honoraire ne s’attendait pas à renvoyer ses formidables ennemis à si bon compte. Et, pour tout dire, sa méfiance se partageait entre ses ennemis et ses amis, d’une manière égale. Malgré les bonnes paroles dont l’honora M. de Leyrit par voie de courrier, Mortiz-Ali se refusa à laisser pénétrer un seul Français dans sa citadelle. Sachant de reste qu’avec les hommes de l’Occident un Hindou n’était jamais sûr de rester maître dans sa maison quand il en avait ouvert la porte, il tint ses battants à bossettes de fer hermétiquement clos et demeura, à l’abri de son mur à frise sculptée, sous la garde de ses crocodiles, nourris avec les criminels qu’on leur jetait de temps à autre.