Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/294

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maître. Une église méthodiste mitoyenne y fut leur unique distraction, et aussi un pied de henné pour se rougir à loisir la paume des mains, les ongles et la plante des pieds. De ce Lawsonia, mort et abattu depuis longtemps, un rejet a fourni un autre pied qui végète, et nous pouvons froisser entre nos doigts les feuilles de ce même arbuste où les bégoms et les ranis mysoriennes « jalouses des yeux de leurs gazelles » prenaient leur traditionnelle teinture. M’étant laissé aller jusqu’à m’apitoyer sur le sort de ces recluses dont la plus jeune compterait aujourd’hui plus de cent vingt ans, je m’attirai cette réponse du vieux gardien de ce sérail historique : « Que dis-tu là, Sahib ? Si ces femmes n’avaient pas été ainsi enfermées, elles ne se seraient pas crues aimées du maître qui les aurait laissées exposées, après sa mort, aux regards et aux désirs de tous. »

Ces paroles m’ont frappé par leur judicieuse simplicité. Imposer nos préjugés occidentaux à qui n’en a cure est une de ces naïves outrecuidances dont je m’abstiens dans la limite du possible. J’approuvai le gardien ad honores de la prison où se flétrirent ces fleurs de jeunesse et de beauté et continuai d’examiner les logettes