Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/298

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gode de Vellore, ils l’ont conservée dans son intégrité, et cela par un moyen d’une simplicité extrême. Bien avant qu’on eût inventé les « Monuments historiques, » le fameux Archeological Survey, ils avaient trouvé la solution la plus pratique pour soustraire les vieilles bâtisses à la dégradation. La pagode du dieu Çiva devint l’Arsenal de la place. À la foule malveillante et brutale des musulmans fanatiques se trouva, du coup, interdit l’accès du temple, où elle aurait vivement martelé ou lapidé les sculptures, en haine du culte idolâtre. Du côté des Hindous, il n’y eut point de réclamations, car depuis la fin du XVIe siècle la pagode çivaiste était abandonnée. La tradition attribue cet abandon à un meurtre. Le sang aurait coulé dans l’enceinte, au voisinage du sanctuaire même. La profanation était de celles qu’aucune purification

ne peut racheter. Les brahmes se retirèrent et l’édifice resta désert jusqu’à ce que les Anglais, un demi-siècle plus tard, lui vinssent donner un nouvel emploi. Cette tradition est loin de me satisfaire, mais le temps me manque pour en exercer la critique, et, comme j’aurai à vous le répéter plus loin, il semblerait plus plausible d’attribuer la désaffectation de cette