Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/69

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trouve que les pions à ceinture noire tapent trop fort. Naguère j’aurais crié pour les exciter à mieux faire…

Nous voici dans la première enceinte. Seule accessible aux profanes, elle regorge de peuple. La multitude paisible, parlant à voix basse, ainsi qu’on le fait à l’Église, piétine ou avance suivant l’occasion, se portant vers l’étang sacré dont les gradins disparaissent sous les rangs pressés des baigneurs. Dans la salle aux mille piliers, les visiteurs venus de loin se reposent, assis par groupes, et soupent de leurs provisions. Des enfants, dont certains paraissent nés d’hier, sont couchés à même la dalle, vautrés sur le ventre, étendus sur le dos, dans la condition naturelle d’une innocente nudité. En voici de tout petits, blottis en société sous un même pagne. Les superbes yeux noirs, éclatants, révèlent seuls la présence de la nichée. Une rumeur qui monte, grossit, se rapproche, fait rentrer les têtes éveillées sous le pagne. Une troupe d’hommes presque nus se rue au son des tambours et d’une trompette dont le propriétaire me coudoie, tant il se hâte en soufflant. C’est une trompe énorme, démesurée, longue de plus de trois mètres ; à l’estime, le