Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur les petits côtés qui n’excèdent pas quatre mètres, ce véhicule monumental tient presque toute la largeur de la voie. Le baldaquin en est habillé de fleurs. Leurs parfums lourds se mêlent aux odeurs des sucreries, des pâtisseries, des aromates, des huiles qui flambent. C’est une fête qui s’adresse aux yeux, à l’esprit et au ventre. Le dévot hindou ne se contente point d’abstractions. Des deux côtés de la rue, comme le long de la façade du temple, scintillent les étalages des échoppes, des boutiques en plein vent, avec leurs mille petits lampions.

Au milieu du char se dresse le taureau d’argent. Il luit, tel un énorme miroir. Placé de côté, il tend le cou, et paraît s’avancer d’une allure oblique, entre la perruche et le paon, entouré d’un essaim de petits brahmes qui se sont assis sur le plateau. Les bras des fidèles poussent, le char s’ébranle. Alors les fusées s’envolent en sifflant, les flambeaux secouent leur panache de flammes, des soleils, des serpentins, des chandelles romaines montent de toutes parts, jaillissent dans l’air. Des herses se dressent chargées de feux rouges et verts. Puis tout s’embrase dans la pourpre des feux