Page:Maindron - Dans l’Inde du Sud.djvu/97

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tituées, aux temples de Troie s’abîmant dans les flammes, écrasant dans une ruine commune les autels et les prêtresses suppliantes serrées en troupeau aux pieds de leurs dieux impuissants, j’ai vu Ulysse et Diomède ravissant le Palladium, Ajax et Cassandre, les reines traînées, joyaux de chair et d’or, j’ai entendu la voix puissante des vainqueurs, les plaintes et les prières inexaucées des vaincus…

Les lumières mouraient partout. L’obscurité nous enveloppait peu à peu. Seul le temple lumineux continuait d’avancer sur l’eau qu’il éclairait en rouge. Des fusées, de l’autre côté de l’étang, couronnaient, par instants, son pinacle d’une nuée d’étoiles filantes. Et je partis qu’il était deux heures du matin, ébloui, étourdi, charmé, énervé par les senteurs entêtantes de guirlandes de roses et de jasmin. Le long de la route, sous les grands arbres, les Hindous filaient par longues processions paisibles. Au milieu, les petites charrettes à bœufs grinçaient. Par les fenêtres carrées des boîtes peintes à fleurs se montraient des figures de femmes encadrées de voiles brillants. Toutes portaient sur leur front l’insigne sacré peint entre les sourcils, et certaines étaient si pâles qu’on les