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Page:Maire - Manuel pratique du bibliothécaire.djvu/22

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INTRODUCTION HISTORIQUE

À Ninive, on écrivait sur des briques plates et carrées, sur des cylindres, et le tout était gardé. Selon Menant[1], la bibliothèque de cette ville était belle et riche. Assur-bani-pal aurait constitué une bibliothèque au moyen de briques cuites[2]. En Chaldée, les observations astronomiques consignées sur des briques étaient soigneusement conservées[3].

Ce n’est qu’à Athènes et à Rome que les bibliothèques ont pris un certain développement, mais les historiens grecs n’en font pour ainsi dire nulle mention. Aulu-Gelle[4] cite celle de Pisistrate, Athénée en parle aussi, et cite de plus celles de Polycrate de Samos, de l’archonte Euclide, de Nicocrate de Cvpre et d’Aristote[5]. Dans Plutarque[6], on trouve des renseignements sur la bibliothèque de Pergame, fondée par les rois de la famille d’Attale. Au moment où Antoine la fît transporter à Rome, elle comptait, paraît-il, 200 000 unités (απλά).

Les plus célèbres de toute l’antiquité, celles d’Alexandrie, étaient au nombre de deux ; celle du Musée, dans le quartier du Bruchium, fut détruite par l’incendie allumé par les soldats de César[7]. Aulu-Gelle l’estimait à plus de 700 000 volumes.

La seconde, placée au Sérapéum, fut détruite avec ce monument par ordre de Théodose en 391. L’usage de la plupart de ces bibliothèques était public ; il existait même, deux siècles avant notre ère, des bibliothèques municipales, selon Polybe, qui dit[8] « qu’on peut s’adonner sans péril ni peine aux recherches qui ne demandent que des livres, pourvu qu’on se fixe dans une ville bien pourvue de documents ou que l’on ait une bibliothèque dans son voisinage »[9].

  1. Menant (J) : La bibliothèque du palais de Ninive, Paris, Leroux, 1880, in-18, p. 30 sq.
  2. Oppert : Rapport à M. le Ministre de l’Instruction publique, (Archives des missions scientifiques et littéraires, 1re série, t. 5 (1856), p. 177).
  3. Pline : Hist. nat., liv. VII, chap. 56.
  4. Noct. attic., VI, 17.
  5. Memor., IV, 12 ; VI, 164.
  6. Ant., 56.
  7. Cf. Ritschl : Die Alexandrinischen Bibliotheken…, Breslau, 1838, in-8o, Ssq. — Parthey : Das Alexandrinische Museum, Berlin, 1838, in-8o, pp. 36 et 64.
  8. Reliq. lib. XII, § 27.
  9. On trouve mention de bibliothèques dans Egger ; Callimaque et les origines de la bibliographie. — Le Bas : Voyage archéologique, partie II, p. 845.