Page:Mairet - Marca.djvu/120

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travers ses vitres des assiettes et des verres ; une porte était ouverte sur la chambre à coucher ; et au bout de la petite antichambre mal éclairée, on devinait la cuisine ; c’était tout. Au salon, point de ces jolies bagatelles qui donnent si facilement un air d’élégance même aux demeures modestes ; le strict nécessaire, rien de plus ; un seul fauteuil auprès de la fenêtre ; madame Langlois s’y trouvait maintenant, cherchant à sourire, mais n’y réussissant qu’à demi !

Jusqu’alors Marca avait bavardé, surtout pour n’avoir pas à questionner. Mais maintenant, les larmes aux yeux, elle se mit à genoux, appuyant la tête contre l’épaule de sa vieille amie, très caressante, très enfant.

— Dites ? Qu’est-ce que tout cela signifie ? j’ai bien le droit de le savoir, puisque je vous aime.

— Ma pauvre enfant, pourquoi vous attrister ? J’aime à vous voir heureuse, cela me fait du bien ; j’oublie, pendant que je vous regarde ; laissez-moi oublier.

— Non. Je ne suis plus une enfant, maintenant ; je saurais vous comprendre et vous plaindre ; j’ai des moments de tristesse — moi aussi.

— Qui ne laissent guère de traces, fit madame Langlois souriant à ce frais visage qu’elle prit dans ses mains.

— Peut-être… C’est qu’il est si bon d’être heu-