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Page:Mairet - Marca.djvu/124

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table avec sa nappe bien blanche et ses verres mousseline, seul luxe que madame Langlois eût sauvé du naufrage. Un énorme pâté, flanqué de hors-d’œuvres pour lesquels Marca témoignait d’une partialité désordonnée, offrait de quoi rassasier des appétits plus formidables que ceux des deux femmes ; la jeune fille avait en effet dévalisé le pâtissier, car un dessert très varié attendait son tour, sur le petit buffet. Comme il y avait des œufs frais à la cuisine, Marca avait voulu les faire cuire à la coque. Elle était heureuse : tout l’amusait.

— Que vous me faites du bien, mon enfant, que vous me faites du bien ! répétait madame Langlois, en suivant des yeux tous les jolis mouvements de son ancienne élève. Elle la trouvait très embellie, grandie, la taille bien prise et élégante ; tous les petits riens de sa jolie toilette de jeune fille étaient d’une richesse sobre ; on sentait que de la tête aux pieds, elle ne portait que des articles choisis, venant des meilleurs faiseurs, coûtant très cher ; et cependant elle était mise avec une extrême simplicité. Madame Langlois, tout en l’examinant, se rappelait ses doutes au sujet de cette enfant, qui semblait si bien oubliée, ses craintes pour l’avenir, et elle était heureuse de se rassurer ; elle sourit en pensant aux efforts qu’elle avait faits auprès de Marca pour lui persuader de travailler à gagner son diplôme. Maintenant tout cela n’impor-