Page:Mairet - Marca.djvu/135

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silencieuse tout d’un coup ; il lui semblait que le travail était une chose noble et bonne. Et alors elle regarda Maxime, le beau Maxime qui ne faisait rien, lui, qui se contentait d’être gai et bien vêtu, et fort aimable avec les femmes, trouvant tout naturel de dépenser ce qu’il ne gagnait pas ; elle se demanda pour la première fois, ce que pourrait être un homme comme lui à quarante ans ; en même temps il lui vint une sorte d’étonnement de ce qu’elle l’aimait. Maxime lui demandant la cause de son silence, elle raconta la petite scène dont elle avait été témoin ; les jeunes époux se perdaient lentement dans la foule.

— Très poétique, très vertueux, fit Maxime. Mais pourquoi, diable, la vertu est-elle toujours si mal habillée ?

Marca ne trouva pas la plaisanterie de bon goût ; elle, la rieuse par excellence, était devenue très sérieuse, presqu’émue.

— Si j’étais homme, s’écria-t-elle, je voudrais être quelqu’un, faire une œuvre quelconque, travailler, lutter, vaincre !…

— Oui-dà ! quelle mouche vous pique ? Est-ce par un beau temps de soleil, quand on est jeune, quand tout sourit qu’on doit songer à ces vilaines choses-là ? — C’est pour moi que vous dites cela, ma chère Marca : mais je vous ferai observer que même si je voulais imiter votre héros de tout à