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Page:Mairet - Marca.djvu/174

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sentir envahi, sans trop savoir comment, par le charme discret de cette jolie campagne, par un beau coucher de soleil, par le murmure de la rivière sous les saules, par le silence ravissant des nuits d’été.

Il n’avait pas beaucoup l’habitude de réfléchir à ses actions, ni à leurs conséquences possibles ; il était d’avis que les choses en ce monde s’arrangent d’elles-mêmes, et qu’on n’a qu’à laisser faire. Selon cette façon commode de raisonner, il prenait de sa vie présente ce qu’il lui semblait agréable d’en prendre, et ne s’inquiétait pas de l’avenir ; or, ce qu’il y avait de plus agréable, sans contredit, dans le séjour à la campagne, c’était l’intimité d’une jeune et jolie fille comme Marca ; de plus en plus agréable, en effet… Il était très évident que sa tante le destinait à Marca ; après tout, il faut bien se marier une fois ou l’autre. Il aurait certes préféré attendre quelques années, et peut-être lui permettrait-on d’attendre. — Marca était encore si jeune !

Mais quand Maxime, avec angoisse, s’était dit : « La sauverai-je ? » quand il avait entendu le cri déchirant de Marca, qui l’appelait, et quand enfin il l’avait ramenée, inanimée mais sauvée, il sentit battre son cœur comme il n’avait jamais battu avant. L’homme en lui se réveillait, faisant taire le viveur, le boulevardier ; tout le vernis appliqué avec tant de soin s’écaillait et tombait, il ne restait plus