Page:Mairet - Marca.djvu/177

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— Pas pour moi, mais… Et de nouveau elle s’arrêta un peu confuse. Décidément c’est trop difficile !

— Je vais vous aider : vous voulez dire que vous seriez ambitieuse… ambitieuse… non pas pour vous, mais pour votre mari.

— Oui.

— Quelle difficulté y a-t-il à dire une chose aussi simple ? Toutes les jeunes filles songent au mari que le ciel dans sa bonté leur donnera. Cela nous amène tout naturellement à parler de cet idéal si lamentablement bourgeois. Voyons…, le chemin est aplani maintenant.

— Nous en rions, de mon idéal ; mais, au fond, il est très sérieux. J’ai beaucoup réfléchi…

— Sans que cela y paraisse. Continuez.

— Impertinent ! Il y a plus de pensées dans nos petites têtes que vous ne croyez.

Elle s’arrêta un instant, puis elle dit toute rêveuse :

— Je vois devant moi une vie bien simple et très unie ; je n’épouserai jamais qu’un homme que j’aimerai de tout mon cœur, et que je connaîtrai ou que je croirai connaître — à fond. Ce que je vois surtout, c’est le bonheur exquis qu’il y aurait à donner le bonheur ; à se mettre tout à fait à l’unisson avec celui qu’on aimerait, à s’oublier beaucoup en lui ; à lui faire une atmosphère de tendresse et de dé-