Page:Mairet - Marca.djvu/188

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bitions ; la lassitude de la vie qui perçait dans les premiers billets qu’il avait envoyés se dissipait.

Peu à peu elle se rassura ; la maladie dont Ivan se plaignait pouvait bien ne pas être feinte, et le physique influe puissamment sur le moral. Il n’était pas mauvais peut-être d’essayer d’une absence un peu prolongée, pour ensuite se prouver l’un à l’autre qu’un amour comme le leur est au-dessus des orages, qu’il est éternel, immuable. Donc elle se résignait à attendre.

Le château était rempli de monde pendant les premiers jours de septembre. Les de Vignon, avec tous leurs enfants, étaient arrivés depuis quelque temps déjà ; d’autres mondains s’étaient joints à eux, cherchant à se persuader à eux-mêmes qu’ils adoraient la campagne. Du reste, chez la baronne Véra, on se résignait plus facilement qu’ailleurs à respirer un air pur ; on dansait le soir, on jouait la comédie, on avait mille, prétextes pour faire un bout de toilette.

Il se faisait aussi beaucoup de cancans dans ce petit monde : sans cela on se fût bien un peu ennuyé. Les jalousies de madame de Vignon, les fiançailles avouées de Laure et du petit des Granges, les fiançailles non avouées mais parfaitement entendues de Maxime avec Marca, les colères sourdes de la grosse Amélie, et les roueries de son mari, tout cela formait un joli noyau de bavardages.