Page:Mairet - Marca.djvu/201

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pourquoi le souvenir de cette histoire navrante venait-il la tourmenter ? Il lui semblait que cet homme, qui aurait voulu être un homme d’honneur, qui se trouvait dans une situation fausse, et qui ne savait comment en sortir, agissait, parlait, comme agissait et parlait Ivan depuis quelque temps.…

Elle eut un soubresaut. Non, ce n’était pas vrai ; ce ne pouvait pas être vrai ! Elle l’aimait tant ! Sa passion à elle, était toujours vivante, ou pour mieux dire elle était sa vie même ; il n’était pas possible que tant d’amour ne trouvât plus d’écho dans un homme qui avait pleuré d’attendrissement à ses pieds, qui l’avait adorée comme on adore quelque chose de surhumain et de merveilleux…

Plus que jamais elle voulait se retrouver seule avec Ivan, dans quelque nid digne de leurs amours…

— Ma chère Véra, puis-je vous demander un instant d’entretien ?

En une seconde, elle avait repris tout son sang froid, et, de sa voix ordinaire, elle dit à son beau-frère :

— Comment ? Jean, je vous croyais en promenade avec les autres.

— On m’a remis une dépêche au moment du départ. Eugène des Granges m’apprend que son oncle vient de mourir ; il est arrivé à temps pour recevoir son dernier soupir.