Page:Mairet - Marca.djvu/217

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d’hiver. Mais cela passa ; peu à peu elle reprit son sang-froid ; tout son être se concentrait dans cette attente.

Elle n’était séparée du peintre et de Marca que par des plantes aux feuilles légères ; elle ne voyait pourtant le peintre que de profil : ce qui l’irritait. Marca se tenait immobile, elle posait comme elle n’avait jamais posé jusqu’alors ; les yeux étaient baissés, les joues brûlantes ; ses pensées étaient loin : Nariskine n’y était pour rien, cela était fort évident. Un silence absolu régnait dans la serre, le murmure argentin de la fontaine seul se faisait entendre. Véra respira ; si, pendant les quelques minutes qu’il lui avait fallu pour se rendre à sa place, des paroles avaient été échangées entre Ivan et Marca, ce n’étaient certes que des paroles insignifiantes. Véra se sentit abaissée à ses propres yeux par son espionnage ; elle songea même à retourner sur ses pas.

Cependant elle restait quand même ; ses yeux lançaient un feu sombre et ne quittaient plus la figure d’Ivan.

Tout d’un coup celui-ci jeta ses pinceaux, et Marca, étonnée, se redressa brusquement.

— Vous m’avez presque fait peur ! dit-elle. Comment ! vous ne travaillez plus ? Je pose mal ? Il me semblait que je me tenais bien tranquille.

— Oui, vous posez bien… trop bien même.