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Page:Mairet - Marca.djvu/220

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vaut mieux après tout que les faux plaisirs qui lui sont maintenant si nécessaires. J’attendrai, parce que je l’aime.

— Chimère, chimère que tout ce]a ! Vous vous bercez de cette illusion si douce aux femmes, si naturelle, si noble : celle de sauver l’homme aimé, à force d’amour et de dévouement. Chimère, vous dis-je ! On peut ainsi, quelquefois, sauver une nature rude, rebelle, où enfin il y a de l’étoffe… mais un Maxime de Schneefeld ? Jamais ! Il n’a ni qualités véritables ni véritables vices. Depuis ses fiançailles, depuis le moment où il a cru vous aimer, où il a eu cette chance suprême de vous sauver, de vous tenir dans ses bras, ce moment où, si sa nature pouvait jamais changer, on aurait vu s’opérer ce miracle, depuis ce temps-là — qu’a-t-il fait ? Il s’est hâté de se délasser d’un amour, qui le fatiguait, parce qu’il était noble et élevé. Il n’a pas voulu s’avouer qu’il était incapable d’y répondre, parce que chez lui la vanité prime tout ; il ne veut pas être humilié. Ah ! je vous connais ; vous vous ferez bien humble, bien petite, vous chercherez à lui faire prendre cette place de maître, dont il est indigne, à vous amoindrir devant lui ; vous n’y réussirez pas, ma pauvre enfant, et, c’est votre malheur que vous préparez, un malheur qui ne profitera à personne, pas même à lui !

Marca s’était levée ; frémissante, elle cherchait