Page:Mairet - Marca.djvu/228

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cruelles qui percent le cœur de part en part. Mourir ? — Oh ! non, pas encore, il lui restait quelque chose à faire ; elle avait presqu’oublié ce que c’était, mais bien certainement il lui restait à faire quelque chose. Mais quoi donc ? Il n’est pas facile de rassembler ses idées quand elles s’en vont on ne sait où. Cependant, par un effort suprême… Voilà ! elle a réussi à lever une main froide et raide, à la porter à sa tête ; le sang recommence à circuler ; non, ce n’était pas un évanouissement complet. Ah !… la mémoire revient, elle sait maintenant ce qui lui reste à faire !

Marca pleurait toujours : elle se disait pourtant qu’il fallait se vaincre, qu’on allait venir, qu’il lui faudrait répondre avec sang-froid aux questions qu’on lui ferait. Elle essuyait déjà ses larmes, cherchant à retrouver un peu de calme lorsqu’elle resta sans mouvement, les yeux démesurément ouverts. Les feuilles d’un grand palmier s’étaient écartées, une main les retenait, et dans l’ombre verdoyante elle vit la figure de sa marraine qu’elle avait peine à reconnaître.

Véra était horriblement belle : une figure de sphinx cruel qui jouit déjà de l’agonie de sa victime. Marca comprit tout : ils étaient tombés, Ivan et elle, dans un piège. Elle se sentit perdue. Véra était sortie enfin de sa cachette ; elle avait retrouvé l’élasticité de ses mouvements, elle avait bondie sur Marca qui ferma les yeux, croyant qu’elle