Page:Mairet - Marca.djvu/248

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le monde où elle avait été choyée, tout était maintenant comme si elle n’eût jamais existé.

— Est-ce arrangé, mon enfant ?

— Oui, maman, je commencerai demain.

Madame Langlois devina la souffrance de Marca, et se tut. La jeune fille resta à la fenêtre longtemps. Elle regardait machinalement des ouvriers qui remplissaient la cour de leur bruit ; ils travaillaient au petit pavillon, dont elle apercevait le riant jardinet. Tous les enfants de la cour, populeuse comme une cité, se tenaient autour, admirant les ouvriers, prenant surtout plaisir à regarder gâcher le plâtre.

Au bout d’une heure, Marca se retourna, et, voyant l’air peiné de sa mère adoptive, elle eut des remords ; elle courut vers elle, l’entourant de ses bras.

— Aimez-moi bien, maman, dit-elle, aimez-moi bien ! Je n’ai plus que vous ! Il m’a oubliée… Je ne voulais pas le croire ; mais c’est vrai… Ah ! il ne m’a jamais aimée !

Le temps passait tristement ; mais il passait. Le froid de l’hiver était déjà venu, quoiqu’on ne fût encore qu’au mois de novembre. Tous les matins, Marca allait donner sa leçon aux petites de Vignon. Elle faisait de son mieux ; mais la tâche n’était pas facile. Ces enfants étaient fort gâtées et avaient déjà des petits airs hautains, qui eussent été comiques à observer — de loin. Marca se consolait avec