Page:Mairet - Marca.djvu/288

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terez un jour, deux, plus peut-être ; mais vous finirez bien par céder. Il ne vous épousera pas, je pense — et vous l’aimez : c’est fatal…

Il la laissa et s’enfuit en courant.

Marca ne bougeait pas ; elle était horriblement pâle ; les paroles de l’ouvrier retentissaient dans ses oreilles ; elle voyait qu’il disait vrai. Elle s’était bercée d’une illusion, voyant Maxime à ses pieds, bien soumis, bien respectueux, pleurant de pitié et d’amour devant elle ; il était patient, parce qu’il savait bien qu’il n’avait qu’à attendre un peu ; il avait parlé de Laure, mais ce n’était que pour la rassurer : elle sentait bien que Laure ne viendrait jamais à elle.

Et tout d’un coup elle entendit la voix dure de sa marraine qui disait : « Imbécile, si tu l’aimes, prends-la comme maîtresse… elle est là pour cela… »

Pierre avait dit que c’était fatal…

Sa tête se perdait ; elle avait peur ; elle grelottait de fièvre ; elle voulait aller quelque part, bien loin, où on ne la trouverait plus, où on la laisserait mourir en paix : — Mon Dieu ! mon Dieu ! disait-elle tout bas, je ne veux pas faire mal. Vous savez bien que je ne veux pas faire mal…

Un locataire attardé carillonnait à la porte ; quand enfin elle s’ouvrit, Marca en profita pour se glisser dans la rue, sans bien savoir ce qu’elle faisait.