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Page:Mairet - Marca.djvu/74

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même pas où je suis née. Il n’osait pas interroger, je voyais pourtant qu’il brûlait d’en savoir plus long ; il fallait bien prendre l’habitude de répondre aux questions, et je continuai avec un calme que je m’efforçais de rendre très digne : — Je suis orpheline ; ma marraine me sert de mère et je lui dois tout.

— Elle est la bonté même, n’est-ce pas ?

« Il semblait attendre ma réponse avec une véritable anxiété. Ce n’était pas une exclamation, mais bel et bien une question. Aussi, grâce à ce respect profond de la vérité qui a été votre première leçon, je me trouvais à court. Ma marraine est-elle bonne ? je n’en sais rien : elle a certainement fait pour moi des choses qui démontrent une bonté et une générosité sans bornes, mais… Enfin je lui répondis :

— Elle sème des bienfaits, sans paraître s’en apercevoir, comme on respire.

— Ah ! c’est sublime ! n’est-ce pas que c’est sublime ?

« Et il avait l’air de chercher à se le persuader. Puis il s’abîma de nouveau dans ses pensées ; moi, j’avais une envie folle de retourner à la salle de bal, où mon danseur devait me chercher en vain. C’était tout de même un étrange tête-à-tête !

— Parmi ces bienfaits, je place ce bal en première ligne… dis-je en riant ; j’adore la danse, c’est mon premier bal, et…