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CHAPITRE VI


Ivan Nariskine, debout devant le tableau qu’il destinait au Salon, était absorbé dans une rêverie profonde. C’était un grand garçon, pas beau, comme l’avait dit Marca ; il y avait pourtant dans les yeux, très enfoncés sous l’arcade sourcilière, dans toute la physionomie, une expression de volonté, d’intelligence et d’individualité qui rachetait bien la rudesse des traits.

Son atelier n’était pas un de ces réduits charmants, tenant de la serre chaude par des massifs de belle verdure, du boudoir par les jolis riens que les femmes aiment à regarder, par des divans bas et moelleux, par des fleurs semées partout, où nos peintres à la mode produisent leurs charmants petits tableaux, d’un fini exquis et qui disent si peu de chose à l’intelligence. L’atelier d’Ivan était tout bonnement un atelier ; on sentait que l’artiste y travaillait avec acharnement ; un certain désordre y régnait, des contrastes bizarres s’y faisaient sen-