Page:Mairet - Marca.djvu/97

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sentait sûr de lui-même, il se mettait au travail avec un acharnement plein de patience, sachant d’avance qu’il avait beaucoup de difficultés à vaincre, mais bien résolu à la lutte. Ce moment n’était pas encore arrivé pour son tableau de la serre ; d’ordinaire ses toiles comportaient peu de personnages ; ici, il fallait en grouper un assez grand nombre. Véra tenait à se faire entourer de toute la jeunesse, ne voulant pas exclure les enfants de son beau-frère. On avait à peu près arrêté le plan d’un thé dans la serre : Véra à demi étendue sur une causeuse très basse, et Marca faisant les honneurs du samovar ; on n’avait pas encore trouvé les attitudes du beau Maxime et de ses deux sœurs.

Peut-être Ivan se pressait-il encore moins que d’habitude : son tableau du Salon était complètement terminé ; il avait pris son atelier en horreur, maintenant qu’il n’y travaillait plus que par boutades. Il se permettait toujours entre deux travaux un temps de flânerie, généralement consacré à un voyage. Cette fois-ci le but de son voyage était ce merveilleux jardin d’hiver, et chaque jour il y découvrait quelqu’attrait nouveau. Il commençait à sentir moins vivement le mensonge de tous les instants qu’il lui fallait s’imposer ; il devenait un peu meilleur acteur.

Sa fierté ombrageuse s’adoucissait. Dans l’atmosphère de la serre, alourdie par les effluves de