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les femmes[1], ſont ſur-tout très-pénibles, & ſur dix il en eſt à peine une qui ne ſuccombe pas. Quant aux filles, ce ſont les meres qui en jugent dans l’intimité de leur commerce, qui ſe les attachent, & qui en répondent. Vous m’avez déjà paru digne d’être initiée à nos myſteres ; j’eſpere que cette nuit

  1. Voici en quoi conſiſte ce genre d’épreuves.

    On enferme la poſtulante dans un boudoir, où eſt une figure de Priape dans toute ſon énergie, on y voit des groupes d’accouplemens d’hommes & de femmes, offrant les attitudes les plus variées & les plus luxurieuſes. Les murs peints à freſque ne préſentent que des images du même genre, que des membres virils de toutes parts : des livres, des portefeuilles, des eſtampes analogues, ſe trouvent ſur une table.

    Au pied de la ſtatue eſt un réchaud, dont le feu & la flamme ne ſont entretenus que de matieres ſi légeres & ſi combuſtibles, que, pour peu que la poſtulante ait une minute de diſtraction, elle court riſque de laiſſer éteindre le feu, ſans pouvoir le rallumer ; en ſorte que lorſqu’on vient la chercher, on voit ſi elle n’a point reçu d’émotion forte, qui indique encore en elle du penchant pour la fornication à laquelle elle doit renoncer.

    Ces épreuves, au ſurplus, durent trois jours de ſuite pendant trois heures.