Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/50

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elle lui fait porter les doigts, afin, par un agacement ſalutaire, d’en ſupprimer ou ſuſpendre les démangeaiſons. Lorſque, par cet exercice fréquent, les conduits irrités & élargis ont beſoin de ſecours plus ſolides ou plus amples, elle les trouve dans preſque tout ce qui l’environne, dans les inſtrumens de ſes travaux, dans les uſtenciles de ſa chambre, dans ceux de ſa toilette, dans ſes promenades & juſques dans les comeſtibles. Par une heureuſe confidence, oſe-t-elle bientôt faire part de ſes découvertes à une camarade auſſi ingénue qu’elle ? Toutes deux s’éclairent, s’aident réciproquement ; elles s’attachent l’une à l’autre, elles ſe deviennent néceſſaires, elles ne peuvent plus s’en paſſer ; elles ne ſont qu’une ame & qu’un corps. Alors la vie aſcétique leur paroit préférable à toutes les vanités du ſiecle ; les haires, les cilices, ces in-