de l’homme, à plus forte raiſon de la femme, & le mien par deſſus tout. Cette oraiſon, prononcée du ton affectueux d’une dévote qui ſeroit au pied de l’autel, me plut ſinguliérement. Je prenois du chocolat : j’ordonnai qu’on en apportât une ſeconde taſſe pour ſon déjeûner, & je me mis à cauſer avec l’ouvriere que je trouvois pleine d’eſprit & de ſenſibilité.
Dans le courant de la converſation elle me parla en ces termes :
„ Vous me paroiſſez, Mademoiſelle, jouir du ſort le plus fortuné, tel que vous le méritez ; cependant je trouve qu’il manque une choſe eſſentielle à votre félicité. Je ſuis fâchée de vous voir ſevrée du commerce des hommes. Aſſurément je n’aime point ce ſexe, je n’ai jamais eu la moindre intimité avec aucun être mâle ; je n’en ai nullement le goût, & je ne penſe pas qu’il me vienne ; mais