Page:Mairobert - Anandria, ou Confessions de Mademoiselle Sapho, 1789.djvu/95

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chai ; l’on me ſoigna très-bien juſqu’à mon parfait rétabliſſement, & l’on me renvoya : en ſorte que je ſortis heureuſement de cette priſon, preſque ſans la connoître que par oui-dire, Mais je n’avois pas le ſol ; je n’avois point de hardes, rien à mettre en gages pour faire de l’argent, & je ne ſavois où donner de la tête, ſur-tout quand après avoir été chez Mille, j’appris que, tourmenté par ſa mégere, & pour ſe ſouſtraire à ſes perſécutions, il s’étoit engagé avec un Seigneur étranger, & étoit parti pour la Ruſſie. Il avoit vendu tous ſes effets & les miens ; il n’avoit pas daigné me donner le moindre ſecours, s’informer de moi, & m’avoit laiſſée dans le dénuement le plus abſolu. Je compris alors, mais trop tard, la vérité de ce que m’avoit dit ma bienfaitrice, de la légéreté, de l’inconſtance, de la perfidie, de la ſcélérateſſe des hommes ; je réſolus