Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, III.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
chap. 9e.
175
Nouvelle ruche.

ruche du milieu ; c’est dans ce tiroir que l’on place la nourriture, dans un petit plat recouvert d’une mousseline grossière. FF sont 2 portes à charnière pour fermer les 2 parties latérales du socle ou faux tiroirs ; la partie du milieu l’est par le tiroir E, dont les côtés portent aussi un trou longitudinal correspondant à ceux percés dans les cloisons CC. Dans le fond supérieur du socle sont percées 3 ouvertures semi-circulaires, GGG, par lesquelles les abeilles passent, soit directement dans des faux tiroirs latéraux, soit dans le tiroir, puis à travers les trous longitudinaux des faux tiroirs et des cloisons, d’où elles s’échappent dans la campagne. Ces faux tiroirs sont des espèces de vestibules qu’on peut fermer à volonté au moyen des portes FF, et qui servent, comme on le verra, à la ventilation dans la ruche.

Le pavillon central (fig. 178), est une boîte carrée sans fond, d’un pied de diamètre et de 10 pouces de hauteur. La face H est percée d’une petite fenêtre de 3 pouces sur 3, vitrée à l’intérieur et fermée intérieurement par un volet à charnière. Les côtés I sont percés d’ouvertures horizontales parallèles de 7 lignes de hauteur et à 1 pouce de distance les unes des autres. Les ouvertures diminuent successivement de longueur depuis la plus basse, qui a 8 à 9 pouces, jusqu’à la plus élevée qui n’en a plus que 1. Le dessus L est aussi percé au centre d’un trou d’un pouce de diamètre et de plusieurs autres de 7 à 8 lignes, placés autour du premier. Le derrière de cette boîte est plan et uni ; par-devant il y a en KK 2 planchettes destinées à cacher la jointure des boîtes latérales, lorsque celles-ci, ainsi que le pavillon, sont placées sur le socle. C’est sur ce pavillon qu’est posée la cloche de verre S (fig. 176), de 8 à 9 pouces de diamètre et 12 à 15 pouces de hauteur, qu’on recouvre d’une boîte octogone T, surmontée d’un chapeau et percée de 3 fenêtres vitrées ayant chacune un petit volet. La cloche repose sur une planche percée de trous correspondans à ceux du fond supérieur du pavillon central, pour établir la communication entre celui-ci et la cloche. Entre cette planche et ce fond on peut glisser aisément une feuille de fer-blanc quand on veut interdire toute communication entre ces compartimens divers de la ruche.

La boîte latérale (fig. 1179) a 1 pied de diamètre et 9 pouces de hauteur. Les faces N ont une petite fenêtre vitrée et à volet, de 4 ½ pouces sur 3. Le fond C n’a pas de fenêtre ; le côté P est muni d’ouvertures horizontales décroissantes et correspondantes à celles percées dans les parois latérales du pavillon central. Le dessus Q porte un trou carré de 4 à 5 pouces, autour duquel est un encadrement de 2 ½ pouces de hauteur Z, que l’on bouche avec un couvercle mobile X, et à fond rentrant. C’est dans ce trou que l’on introduit le tuyau en fer-blanc M (fig. 176) perforé de trous de 9 pouces de longueur et 1 de diamètre, destiné à recevoir un thermomètre et couronné par une plaque également perforée qui porte sur la gorge intérieure du trou Z. La boîte latérale (fig. 180) est identiquement semblable à la précédente, et ses ouvertures longitudinales correspondent de même à celles de la paroi latérale du pavillon qui la regarde.

On voit toutes les pièces de la ruche assemblées dans la fig. 176 et il ne nous reste plus qu’à ajouter qu’on place sur les trous semi-circulaires GGG du socle, qui font communiquer les boîtes avec le tiroir et les faux tiroirs, de petits morceaux de fer-blanc, a, percés de trous pour le passage des abeilles, ou pleins b, quand on veut les fermer entièrement, et que c’est aussi avec des feuilles de fer-blanc pleines c, qu’on introduit ou qu’on enlève entre les boîtes et le pavillon, qu’on intercepte ou rétablit la communication entre les différentes parties.

La construction de cette ruche étant bien comprise, voici la manière nouvelle de gouverner les abeilles. On peuple le pavillon central comme une ruche ordinaire et quand on y place d’abord un essaim toutes les communications avec les autres boîtes doivent être interceptées ; on ouvre seulement la feuille de fer-blanc qui établit la communication entre ce pavillon et le tiroir, et on laisse ce tiroir entr’ouvert. Les abeilles se livrent à leurs travaux, rentrent dans le tiroir, de là montent dans la boîte comme elles le feraient dans une ruche ordinaire, mais avec cet avantage que les animaux nuisibles ne peuvent y pénétrer aussi aisément que dans les autres ruches. Quand les symptômes de l’essaimage se manifestent, il faut, dit M. Nutt, prévenir la fuite de l’essaim en élargissant le domicile des abeilles, et pour cela on tire la feuille de fer-blanc qui sépare le pavillon de la cloche de verre, et les abeilles, trouvant l’espace nécessaire, n’essaiment pas et demeurent dans cette nouvelle portion de la ruche. Lorsqu’au bout de 15 à 20 jours on reconnaît aux mouvements qui ont lieu dans la ruche qu’il va sortir un essaim secondaire, on agrandit encore le domicile en tirant la feuille de fer-blanc qui interceptait la communication entre le pavillon et l’une des boîtes latérales, et le surplus de la population s’installe dans cette dernière au lieu de chercher à essaimer au dehors. Enfin, si les mêmes symptômes apparaissent une 3e fois, on ouvre la communication entre le pavillon et la seconde boîte latérale, et les abeilles s’y établissent de nouveau. Avant d’établir la communication il faut frotter l’intérieur des boîtes, surtout dans le voisinage des ouvertures de communication, avec un peu de miel liquide, et comme il devient nécessaire, par suite de l’élargissement du domicile des abeilles et de leur nombre croissant, de leur ouvrir de nouveaux passages, on enlève les feuilles de fer-blanc qui bouchaient les trous semi-circulaires du socle et on les remplace par les feuilles percées de trous par lesquels les abeilles passent dans les faux tiroirs pour se répandre dans la campagne.

Ce qu’il y a de remarquable, assure M. Nutt, dans ces ruches, c’est que l’essaim peuple d’abord dans le pavillon du milieu et continue à peupler même après qu’on a élargi le domicile des abeilles. La cloche, les 2 boîtes latérales servent aux abeilles à apporter la récolte, à l’emmagasiner, et non pas à déposer des œufs et à élever du couvain. Cette particularité explique comment le miel qu’on obtient est toujours blanc, sans mélange de pollen qui, dans les ruches ordinaires, s’échauffe, fermente et colore le miel.