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chap. 2e.
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ARBRES ET ARBUSTES FORESTIERS EXOTIQUES.


ainsi que dans les états de l’Ouest. La singulière exfoliation de son écorce sert à le faire distinguer facilement en hiver, quand il a perdu ses feuilles. Doué comme les autres hickorys, de force, d’élasticité et de ténacité, comme il s’élève à une grande hauteur sur un diamètre presque uniforme, on l’emploie quelquefois à la mâture des vaisseaux. Sa très-grande élasticité permet de le refendre avec beaucoup de facilité, et de l’employer à de nombreux ouvrages de vannerie. Ces qualités sont encore relevées par celle de pouvoir être planté dans les lieux les plus humides, qu’il affectionne particulièrement.

Noyer dur, J. tomentosa (en angl. Mockernut hickory). Le bois de cet arbre, de même texture et couleur que celui des autres hickorys. offre les qualités qui rendent ces arbres si remarquables, et on en fait un très-grand cas pour le chauffage, usage auquel tous les hickorys sont particulièrement propres et supérieurs à la plupart des autres arbres.

13. TULIPIER. — Tulipier, Lyriodendrum tulipifera. Dans les états Atlantiques, et surtout très-loin de la mer, cet arbre magnifique s’élève de 70 à 80 et 100 pi. sur 2 a 3 pi. de diamètre ; mais les états de l’Ouest sont ceux qui sont le plus favorables à sa végétation. C’est de tous les arbres à feuilles caduques, celui qui atteint les plus grandes dimensions, après le platane d’occident ; mais il l’emporte de beaucoup sur lui, par la beauté de ses feuilles et de ses fleurs. Dans la jeunesse de l’arbre, son écorce est unie et lisse ; ensuite elle commence à se fendre et à s’épaissir. Le cœur du bois mûr est jaune citron. Quoiqu’on l’ait classé dans les bois légers, il est plus pesant que les peupliers ; également fin et plus compacte, son ois se travaille bien et peut recevoir un beau poli. Le cœur du bois, bien mûr et séparé de l’aubier, résiste long-temps aux influences de l’air, et n’est que rarement attaqué par les vers. Il est employé à une foule d’usages dans différentes parties de la construction, dans l’économie rurale, dans l’ébénisterie, etc. Quand il est très-sec, il reçoit et conserve très-bien la peinture.

14. PEUPLIERS (Populus). — On en compte huit, qui sont déjà plus ou moins répandus en France, savoir : le P. angulata, P. argentea, P. Canadensis, P. candicans, P. grandidentata, P. Hudsonica, P. monilifera, P. tremuloïdes.

Le premier, qui est le peuplier de la Caroline, se distingue entre tous par sa taille, qui est de 80 pieds, son port, sa tête étalée, et son magnifique feuillage. L’argentea et le Canadensis ont de 70 à 80 pieds ; le monilifera, qui est le peuplier de Virgirnie, parvient encore à la hauteur de 60 à 70 pieds ; mais le candican, qui est le baumier, s’arrête à celle de 40 à 50, et les trois autres sont encore moins grands. Les bois de tous ces peupliers sont inférieurs à celui du peuplier de Lombardie, et offrent les qualités analogues qui les font rechercher dans les arts ou pour le chauffage.

15. Les CHENES (Qercus). M. And. Michaux a observé et décrit 26 espèces de chêne croissant dans les diverses contrées de l’Amérique du nord. Nous ne décrirons que les 16 espèces que nous avons pu jusqu’ici réunir et observer à Fromont, ainsi que le chêne velani.

Fig. 82.

Chêne blanc, Quercus alba (en angl. White oak). Aucun des chênes américains (fig. 82) ne ressemble plus que celui-ci au chêne d’Europe, et notamment à la variété connue sous le nom de chêne pédoncule. On commence à le trouver, en remontant au nord, dans le district de Maine, par 46° 20’ de latitude, et en suivant le cours de l’Océan, on le remarque encore sous celle de 28°, au delà du cap Cannavérali ; il s’étend vers l’ouest, depuis les bords de la mer jusque dans le pays des Illinois, espace qui comprend à peu près 400 lieues carrées. Son nom vient de ce que son tronc se trouve revêtu d’une écorce très-blanche, parsemée de taches noires. Son bois est rougeâtre, et très-semblable à celui du chêne de l’ancien continent. Contrarié dans son développement par ime température trop rigoureuse, un sol trop aride ou trop aquatique, ou même une fertilité trop grande, il s’élève, dans les situations qui lui conviennent, à la hauteur de 23 à 26 mètres. Il n’est guère d’usages auxquels on ne l’emploie, mais c’est surtout dans les constructions navales que cet arbre est nécessaire, et il est constant qu’aux Etats-Unis, il ne pourrait être avantageusement remplacé par un autre. Doué de beaucoup de force et d’élasticité, il résiste très-long-temps à la pourriture ; et quoique moins pesant et moins compacte que le chêne d’Europe, de savans agronomes ne doutent point que, supérieur à celui-ci par son élasticité, il ne l’égalât en bonté sous tous les autres rapports, si on ne le mettait en œuvre que parfaitement sec, et si on l’élevait, soit en ligne autour des champs ou le long des routes, soit dans des endroits parfaitement aérés. Il est très- difficile de s’en procurer des glands sains : c’est ce qui fait que cet arbre précieux est encore si rare chez nous, où il mérite éminemment d’être introduit.

Chêne gris, Chêne ambigu, Q. ambigua, (en angl. Grey oak). Ce nom d’ambigu lui a été donné par les botanistes à cause de sa ressemblance avec le chêne rouge par son